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Des mots et des images
22 avril 2011

L'horrible destin du Chevalier Devaux

Adelphe-Théobald Devaux, Chevalier de Saint-Crespin-lès-Comauches est né le 19 avril 1305 à Moulinoux-sur-Loing. Il est mort à la bataille de Crécy le 27 août 1346 à l'âge de 41 ans. Cet illustre personnage de l'Histoire de France est totalement méconnu aujourd'hui et je voudrais ici lui rendre un hommage, certes tardif, mais néanmoins justifié.

 

Adelphe-Théobald Devaux apparaît dans les biographies historiques à partir de la bataille de Cassel en 1328. Le Roi Philippe VI de France, dit Philippe de Valois part en guerre le 23 août 1328 contre les Flamands afin d'aider son pote Louis de Nevers à mater la rébellion des Bourgeois de Bruges. Ce jour-là, notre héros, qui n'est alors que simple écuyer au service du Comte de Blavais, sauve la vie de Philippe de Valois bien malgré lui, à la suite d’un acte de maladresse. Un mercenaire italien avait été grassement payé par les Flamands pour trucider le monarque français sur le champ de bataille avec un tir d'arbalète (arme dont l'usage avait été interdit en 1139). Adelphe-Théobald trouve le moyen de se vautrer juste derrière le roi (en glissant sur un étron encore fumant du matin) au moment précis ou le carreau mortel doit toucher Philippe VI. Ce dernier, par réflexe, fait un pas en arrière et tombe à la renverse sur le dos de l'infortuné, mais salvateur écuyer, évitant à coup sûr une mort certaine. Le Roi se relève, il met une pâtée aux Flamands et dès le lendemain adoube Adelphe-Théobald Devaux qui devient Chevalier au service de Sa Majesté le Roi de France.

 

Il y a peu à dire sur les 18 années qui suivirent, à part le fait que le Chevalier Devaux servit bien son Roi jusqu'au dernier jour de sa vie et qu'il épousa Ermeline de Valenbraise, la petite fille du Duc de Garenne, très laide et affublée d'une pilosité sans pareil, mais néanmoins fortunée. Le chevalier resta vierge et sans descendance.

 

En 1346, La bataile de Crecy qui oppose cette fois-ci les Français aux Anglais marque le début de la guerre de Cent Ans. On notera pour l'Histoire que c'est Philippe de Valois qui se prend une pâtée par Édouard III d'Angleterre. Il faut savoir aussi que, pour notre petite histoire, on voit apparaître sur le champ de bataille les premiers canons qui malheureusement vont coûter la vie à notre chevalier. Pour la seconde fois, le destin d'Adelphe-Théobald va basculer pour cause de maladresse.

Devaux a un sérieux handicap, il a toujours été terrifié par les chevaux, un comble pour un chevalier. En plein milieu de l'affrontement général, Brinqueballe la jument rétive du chevalier de Saint-Crespin-lès-Comauches tente de le mordre. Adelphe-Théobald saute à terre et se met à courir en tous sens afin d'échapper à la carne brinqueballante. C'est à ce moment précis que l'on tire le premier coup de canon mortel de l'Histoire. Notre chevalier est décapité en pleine course. Son corps étêté fait encore un pas dans un dernier soubresaut, puis il s'effondre. C'est fini. S'il était resté sur son cheval, il n'aurait eu que le genou, de pété.

 

On ne retrouva jamais sa tête.

 

Dans le petit cimetière de Moulinoux-sur-Loing, on peut lire encore aujourd'hui, sur sa tombe, cette épitaphe très concise :

Ci-gît Adelphe-Théobald de Saint-Crespin-lès-Comauches. Le chevalier sans tête Devaux.

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